Pourquoi Black Mirror fonctionne ?
La série de Charlie Brooker explore les effets secondaires de la drogue du 21ème siècle : nos écrans noirs (TV, ordinateur, smartphones, etc). Chaque épisode emmène le spectateur dans un futur pas si éloigné de son quotidien, en tirant un fil de technologie et en poussant le tout à l’extreme. C’est toujours pertinent, jamais trop satirique pour que l’on puisse y croire, et suffisamment sombre pour que l’on se pose des questions. Si Black Mirror nous touche c’est peut-être à cause de l’effet de l’Uncanny Valley, le principe selon lequel toute représentation humaine qui se rapproche trop de la réalité provoque un malaise. Or dans la série, la réalité qui nous est présentée se rapproche beaucoup de ce que l’on sent pouvoir advenir. D’où un sentiment de malaise. Ce sentiment nous pousse à nous interroger sur notre société actuelle. Par exemple certains essaient de ne plus constamment regarder leurs smartphones comme des drogués, au point qu’un mot a émergé : JOMO (joy of missing out : le bonheur de rater quelque chose) par opposition à FOMO (fear of missing out : la peur de rater quelque chose).
La technologie au coeur de la société
La paranoia technologique est une tendance qui revient sans cesse et divise le monde entre fans et sceptiques. Une troisième catégorie devrait voir le jour, les penseurs, les citoyens qui ne sont pas satisfaits du statu quo établi par ceux qui répondent « et alors ? » dès qu’on commence à s’interroger sur les conséquences potentielles de ces technologies. C’est pour cela que cette série est intelligente, elle nous fait réflechir.
Bien entendu les progrès technologiques servent la communication ainsi que des buts sociaux et écologiques. Toutefois on ne peut s’empecher de penser que cette fois la réalité va peut-être rattraper la fiction. Bon, les voitures ne volent pas encore. Mais la biométrie, la récolte de données, les « wearable technologies » (technologie embarqué dans les vétements, des bracelets, etc, sous forme de capteurs), l’Internet des objets nous rapprochent des films de Science-Fiction comme Blade Runner ou Metropolis. De même il y a presque un siècle nous essayions déjà de deviner à quoi le futur ressemblerait. Par exemple dans les années 30, un artiste allemand avait déjà inventé Skype ou Facetime :
Les superhéros et les dystopies nous renvoient à une simple question : et si ces technologies étaient utilisées à mauvais escient ? Cela me rappelle le dernier Disney, Les nouveaux héros, dans lequel le héros invente une brilliante technologie, les « microbots »… mais mise entre les mains d’un père brisé cette technologie devient arme. Et comme un ami me l’a fait remarqué, cela n’est discuté par aucun protagoniste. Seul le méchant est puni et il n’y a pas de responsabilité partagée. Qu’est-il devenu de « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » pour citer l’oncle Ben dans Spiderman ? Peut-être que c’est un slogan démodé datant de la Guerre Froide, période pendant laquelle le risque nucléaire était bien réel. Le slogan du 21ème siècle devrait-il être « watch out for black mirrors » (prends garde aux miroirs noirs) ?
And as a friend of mine pointed out, that is not discussed by any of the protagonists in the movie. Only the villain is punished and there is no shared responsibility. What happen to “with great power comes great responsibility” (quote from Uncle Ben in Spiderman)? Maybe this is an outdated slogan, only good for the Cold War era when the risk of blowing up the planet with a nuclear bomb seemed to be a possible outcome. Should it be “watch out for black mirrors”?
Un lien intéressant : ici.
Et à propos de Black Mirror : l’explication de chaque épisode et le trailer en anglais.