C’est pas ma faute ! Je suis au passif

Le verre s’est cassé. Ô bonheur du passif français qui ne fait que constater sans désigner de coupable. Voilà le résultat, le verre est cassé. Combien d’enfants français sont venus ainsi rapporter une bêtise laissant le soin aux parents de mener l’enquête pour trouver le coupable de l’accident ?

Tous mes professeurs d’anglais m’ont répété que l’anglais à l’inverse préfère l’actif, Claire broke the glass, allant jusqu’à dire que la phrase the glass has been broken “puait” le français. Mon empathie se portait alors vers les enfants anglais qui ne bénéficient pas du même tour grammatical que nous pour se dédouaner, obligés qu’ils sont à désigner le coupable.

Lera Brododitsky, que j’ai déjà cité ici, pousse le raisonnement plus loin (à la minute 9:30 de la vidéo) : la langue modèle nos façons de comprendre le monde, ainsi un Espagnol tout aussi amoureux du passif que les Français, se souviendra qu’un accident est survenu et se focalisera ainsi sur l’intention du protagoniste, quand un Anglais se souviendra de l’identité du protagoniste car c’est le sujet de sa phrase.

Dans la même logique la langue anglaise se focalise sur le moyen de réaliser l’action plutôt que sur l’intention. En français on va au travail, alors qu’en anglais on précisera le moyen de transport : I am cycling to work (littéralement “je pédale jusqu’au travail”). Le “comment” du déplacement face au “pourquoi”. La langue dirige notre regard et notre attention.

Bonus :

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