Avoir ou être avec, telle est la question

Une culture se révèle dans le choix de ses mots, et particulièrement dans la façon de construire ses verbes. Une notion comme la possession est traduite dans nombre de langues européennes de la même façon : avoir, to have, tener, etc. Un Européen possède quelque chose, cette chose lui appartient.

A l’inverse d’autres cultures expriment plutôt le lien de deux éléments entre eux, c’est-à-dire que ces langues se concentrent sur l’existence d’un objet/être et font ensuite le lien avec le « possesseur ». On ne dit pas qu’on a un chat, mais qu’un chat est avec soi. Voici quelques exemples venus de langues que j’ai croisé :

  • Un Turc dira « mon chat est existant » soit kedim var. Kedi veut dire « chat », on y ajoute m pour signaler la possession et var veut dire « existant » ou « il y a ». Pour dire « je n’ai pas de chat », un turc dira kedim yok, yok signifiant « non existant » ou « il n’y a pas ». Assez efficace.
  • Un Irlandais parlant gaélique dira quant à lui Tá cat agam, tá est ici le verbe « être » et agam une contraction de la préposition locative ag (équivalent de at en anglais) et du pronom personnel me c’est-à-dire « je ». Difficile à traduire littéralement ! Peut-être « un chat à moi est » ?
  • Le verbe « avoir » en swahili se construit en ajoutant le verbe « être » kuwa et « avec » na, d’où kuwa na. Un Tanzanien pourra donc dire Nina paka, paka étant le chat.
  • Enfin un Russe dira У меня есть кот (en phonétique : ou minia iest kot).
  • У est la préposition pour dire « chez », меня signale le pronom « moi » et есть est le verbe « exister » à l’infinitif, je vais vous laisser traduire littéralement cette fois.

Toutes ces variations questionnent nos façons d’envisager notre rapport aux objets et aux êtres qui nous entourent. Si nous disions qu’un chat à nous existe, comment cela affecterait la relation que j’ai avec mon chat ?

Bonus :

One comment

  1. Dimitri

    En basque tu dis :
    Gatua badut : j’ai un chat
    Gaturik badut : je n’ai pas de chat.
    Le +rik étant le privatif. On met le privatif aussi pour les questions si on ne sait pas si la personne a quelque chose:
    Gaturik duzu ? As-tu un chat ?
    Giltzak dituzu ? as-tu _les_ clefs ? ( sous-entendu on sait de quelles clefs on parle)

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